Une planète « terre » sollicitée par de Une planète « terre » sollicitée par de nouveaux investisseurs
Au cours des vingt dernières années, le prix de la terre agricole a fortement progressé à travers le monde. Tandis que ses modes de faire-valoir se sont diversifiés.
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En Europe, les principaux pays agricoles affichent des prix de la terre d'une grande diversité (lire la carte ci-contre). « En règle générale, plus la part de surface agricole vendue est faible, plus les prix sont élevés », résume Terres d'Europe (1). Les évolutions sur les vingt dernières années sont tout aussi divergentes : quasi-stabilité des prix en Allemagne, quadruplement au Danemark. La pression urbaine, le niveau des taux d'intérêt réels, le revenu agricole, les évolutions réglementaires expliquent de telles disparités. L'arrivée d'investisseurs souhaitant diversifier leur patrimoine pèse également sur la demande foncière, par exemple en Grande-Bretagne. En Italie, éoliennes et panneaux photovoltaïques compliquent un peu plus l'équation foncière.
L'envolée des cours des denrées agricoles en 2007 puis, à nouveau, en 2010 a favorisé, elle aussi, une « financiarisation et une industrialisation des terres », constate Crystel L'Herbier, qui coordonne l'observatoire international d'Arvalis.
La course aux terres cultivables s'accélère. Des pays, notamment émergents, ont mis la main ou contracté des dizaines de millions d'hectares en Afrique ou en Amérique du Sud pour assurer les besoins alimentaires de leur population ou de leur élevage, bousculant les agricultures locales et forçant parfois les gouvernements à redécouvrir la question foncière. En Argentine, les bonnes terres à maïs ou soja ont vu leur prix progresser de 14 % par an depuis dix ans et peuvent atteindre 11 500 dollars/ha (environ 8 000 e/ha). Dans l'Illinois (Etats-Unis), le prix du foncier a doublé en dix ans, pour atteindre 9 000 dollars/ha (près de 6 260 e). Mais il ne dépasse pas 2 000 à 3 000 dollars dans le Kansas (autour de 1 390 à 2 100 e).
« Du nord au sud de la planète, la part de faire-valoir direct du foncier diminue », mais il reste majoritaire en Australie, au Canada ou en Turquie. Les exploitants sont de plus en plus nombreux à prendre des terres en fermage (les baux de courte durée sont très répandus en Argentine, au Brésil, en Russie et en Ukraine) ou en métayage (Etats-Unis). Au Royaume-Uni se développent des compagnies qui exploitent les terres pour le compte de leurs propriétaires : c'est le Contract Farming System.
De manière générale, dans le monde, l'accès au foncier est « de plus en plus difficile », de sorte que « les baux sont de plus courte durée et la variation annuelle des coûts de fermage s'accélère », constate encore Crystel L'Herbier. L'entretien des terres à long terme en souffrira-t-il ?Benoît Contour (1) Terres d'Europe-Scafr est le service des études de la Fédération nationale des Safer.
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